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Même si la fin de la guerre joua un rôle important dans la fin du Golden Age de Timely, ce ne fut absolument pas la seule cause de cette chute. Il y eut d’autres raisons pour expliquer La Fin.
L’effritement de l’enthousiasme populaire pour les super-héros commença peu de temps avant la fin de la guerre ; c’est peut-être que le goût du public pour les super-héros avait simplement commencé à diminuer et que l’engouement pour les super-héros disparaissait (le phénomène n’est pas limité à Timely, bien sûr ; chez DC, Dr Fate et the Spectre, deux seconds couteaux importants apparurent pour la dernière fois en 1944). Timely avait déjà commencé à s’éloigner des comics de super-héros dès l’été de 1945 ; seuls quatre revues uniquement de super-héros étaient publiés au début de 1944 et, vers le milieu de 1945, toutes les quatre avaient été soit arrêtées, soit avaient changé de format. Les ventes faiblissantes des comics de super-héros ne pouvaient qu’affecter négativement Timely, compte tenu du fait qu’environ la moitié de leurs revues étaient des comics de super-héros. Cela affecta même les scénarii des comics de super-héros ; la première couverte de Captain América évoquant la lutte contre le crime apparu en 1944, un signe précurseur des changements à venir, pas seulement pour le propre magazine de Captain America mais pour les comics en général.
La fin de la guerre, bien sûr, fut la principale de la fin du Golden Age de Timely. Le retour des G.I. du front se révéla désastreux pour Timely ; la société perdit une part significative de son public, ne pouvant plus se reposer sur le gouvernement pour envoyer leurs magazines aux bases militaires. Pire encore, les vétérans, une fois revenus, ne continuaient pas à acheter des comics de super-héros ; l’argent qu’ils avaient dépensé pendant qu’ils étaient sous les drapeaux étaient désormais consacrés à d’autres choses – leurs maisons, leurs épouses, leurs enfants, etc. De plus, les enfants et les adolescents qui avaient travaillé pendant la guerre et avaient eu de l’argent à dépenser en comics perdirent leurs emplois (de même que les femmes qui avaient également travaillé dans les usines) qui furent repris par les hommes libérés de l’armée. La fin de la guerre signifiait aussi que les comics ne pouvaient plus se reposer sur les Allemands et les Japonais pour jouer le rôle des ennemis et, si les générations à venir allaient préférer les criminels costumés, les successeurs logiques des méchants de l’époque de la guerre, les goûts des acheteurs de comics au lendemain de la guerre allaient vers d’autres directions. Finalement, les goûts des acheteurs de comics changea. Les super-héros n’étaient simplement plus en vogue désormais. Il y avait un goût accru pour le « réalisme » – pas seulement pour les comics, bien sûr, mais pour les livres (avec des auteurs tels que Nelson Algren) et dans les films (avec le développement des films noirs). Les super-héros étaient presque par essence incapables d’acquérir cette sorte de « réalisme ». Ainsi, alors que les comics dans leur ensemble voyaient leurs ventes augmentaient après la guerre, avec des genres comme le policier devenant très populaire, le genre des super-héros en souffrit et connut une chute historique dans les années 1950, même s’il connut quelques brillants moments avant cela.
Stan Lee fut l’un des nombreux talents des
comics qui revint vers cette industrie après la guerre. Il
devint l’éditeur de Timely et tenta un certain nombre de
choses afin d’accroître la distribution et les ventes de
Timely. Millie the Model et les autres « comics de
filles » furent ses créations. En 1946, il créa
le plus grand super-groupe de Timely, the All-Winners Squad, qui
rassemblait Captain América, Bucky, la Torche humaine, Toro,
Namor, Miss América et Whizzer. Bien que ce fut la réponse
logique à la populaire Justice Society of America de DC, le
groupe vint trop tard et le All-Winners Squad ne fit que deux
apparitions et ne fut pas suffisant pour arrêter All-Winners
Comics d’être changé en All-Teens en
1947 (le premier super-groupe de Timely, bien sûr, avait été
les 3Xs, qui apparurent dans Mystic Comics # 1. Les 3Xs,
cependant, étaient une évidente imitation du programme
populaire de radio « I Love A Mystery » et
étaient scénarisés et dessinés avec peu
de talents et ne firent aucune apparition après Mystic #
1).
Lee, constatant que les femmes faisaient un gros pourcentage
des lecteurs de Timely, commença à sortir des comics de
nouveaux super-héros, utilisant des super-héroïnes.
Vers la fin de 1946, All-Select Comics fut rebaptisé
Blonde Phantom Comics, le personnage titre étant une
secrétaire blonde au caractère bien trempé qui
combattait le crime et sauvait souvent son patron, un détective
privé de sexe masculin (avant que les esprits suspicieux du
lectorat de ce site ne poussent des cris d’orfraie, il faut
faire remarquer que the Blonde Phantom apparut environ six mois avant
Black Canary de DC, un personnage ayant certaines similitudes avec
the Blond Phantom).
Blonde Phantom Comics bénéficia
de ventes respectables et, du coup, Timely, en 1948, lança
trois revues supplémentaires avec des super-héroïnes :
Namora, Sun Girl et Venus. Aucune des trois
n’étaient particulièrement bien réussie ou
populaire et seul Venus réussit à durer plus de
trois numéros (néanmoins, Blonde Phantom Comics
dura pendant 30 mois et 22 numéros).
Mais, en ce qui concerne les comics de super-héros
de Timely, les efforts de Lee se révélèrent
inutiles et, les uns après les autres, ils furent arrêtés
ou virent leurs noms et thèmes changés. USA Comics
s’arrêta durant l’automne 1945 (malgré la
présence de Captain América comme principal
personnage), Miss Fury fut stoppé au début de
1946, Kid Komics devint Kid Movie Comics, sans
super-héros, durant l’été 1946, Young
Allies fut arrêté en octobre 1946, All-Winners
fut transformé en All-Teens en janvier 1947. Bien que
les principaux titres de super-héros de Timely – Captain
America Comics, Human Torch et Sub-Mariner –
survécurent pendant un temps, leur heure de gloire était
virtuellement passée.
Bien sûr, Timely ne cessa pas de publier des comics une fois que les magazines de super-héros cessèrent de vendre ; ils changèrent leur fusil d’épaule, se tournant vers ce qui était le plus populaire : des revues à destination des jeunes filles, des comics avec des animaux humoristiques, des comics policiers et le western. Mais, selon mon opinion, ces comics ne viennent pas de Timely. Ils furent le produit d’Atlas, l’incarnation suivante de Timely Publications et le prédécesseur de Marvel Comics. Et, comme il existe déjà de nombreuses informations disponibles sur Atlas, et que je ne suis pas aussi intéressé par Atlas que je le suis par Timely, je m’arrêterai là, sans évoquer cette époque.